Actuellement à l'affiche, le dernier film du cinéaste français Bertrand Tavernier a de quoi surprendre. En effet, In the electric mist est son premier film "hollywoodien". Synopsis:
New Iberia, Louisianne, le détective Dave Robicheaux enquête sur le meurtre d'une jeune prostituée sauvagement abbatue. Le lendemain du crime, il interpelle sur la route une vedette de cinéma en état d'ébriété qui l'informe sur les restes des ossements d'un cadavre vieux de plus de qurante ans perdus dans les marécages du bayou. Au fil de son ivestigation, il va peu à peu se rendre compte que ces deux histoires sont en fait étroitement liées...
Et alors? Inspiré d'un roman policier de James Lee Burke's, l'intrigue nous plonge non seulement dans le passé du personnage principal (Tommy Lee Jones), mais surtout dans celui de la Louisianne et même au sens plus large dans celui des Etats-Unis. En réalité, Tavernier nous propose deux histoires en parallèle, celle d'un flic hanté par les fantômes du passé et en proie à l'alcoolisme, et celle de sa région dont les maux se font à peine remarquer tant ils font partie du décor. Les mystères de l'enquête recouvrent alors les secrets d'un passé profondément ancré dans le présent. L'idée du film repose sur un postulat déterministe où tous les évènements sont imbriqués, chaque chose faisant référence à évèment antérieur. Ici, l'origine du nom de Dave Robicheaux renvoie tout d'abord à celle de la Louisianne. Un Etat qui fut véritablement au coeur de la guerre de sécession, comme nous le rappelle la présence dans le film d'un vieux général venant troubler l'imaginaire de Robicheaux, qui lui-même est un vétéran du Viet-nam, chassant désormais les proxénètes en les menaçant de leur faire vivre un enfer à la Bagdad... Tout est lié, des champs de coton aux ravages de l'ouragan Katrina, la trame sociale chère aux films de Tavernier se dessine subtilement sur des accords de blues incessants. Une histoire américaine en somme, que la présence du légendaire Buddy Guy incarne parfaitement à l'écran.
En fin de compte, le film est impeccablement porté par Tommy Lee Jones, dont les traits du personnage rappelle par moment l'image déjà mythiqe de Eastwood, et aussi un John Goodman incarnant un fills d'immigré italien, obèse, prenant une forme de revanche sociale dans un excès insolant (argent, sexe et hip-hop) symbolisant tout un aspect de la société étasunienne. Néanmoins, l'ambitieux imbroglio général réalisé par Tavernier prend le risque de s'essoufler et de perdre le spectateur. Il en reste un tableau quasi sociologique et représentatif non pas d'une époque mais de plusieurs. A ne surtout pas manquer pour les amateurs de Tavernier et/ou de bons polars.
In the electric mist (dans la brume électrique), de Bertrand Tavernier. Avec Tommy Lee Jones, John Goodman, Mary Steenburgen. Actuellement en salles. Voir bande annonce